Grèves de Draveil-Vigneux
2 juin - 7 août 1908
Cent jours de grève


Une nouvelle donne idéologique ?

 

 
 

L'Humanité, 30 avril 2008
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Manuel Valls : l’adieu à Jaurès

Parti socialiste . Tout en se disant candidat à la présidentielle de 2012, le député de l’Essonne plaide pour une nouvelle donne idéologique libérale.
Un de plus. Manuel Valls, député PS d’Évry (Essonne), est donc candidat à la candidature présidentielle pour 2012. « Je fais partie de ces socialistes qui pourraient, si le parti se refonde, être candidat aux plus hautes fonctions », explique sans excessive modestie, l’auteur d’un livre (1) à paraître le 5 mai. La certitude est que l’homme fait partie de cette catégorie de responsables politiques cédant plus facilement aux sirènes d’un éventuel destin personnel qu’il ne reste fidèle à des convictions diverses successivement affichées.

Pour mémoire, Manuel Valls avait commencé à faire campagne en faveur de Lionel Jospin lors de la primaire socialiste pour la présidentielle, avant de se rallier à Ségolène Royal dont il fut l’un des thuriféraires les plus médiatiquement actifs avant d’en être l’un des contempteurs les plus incisifs. Le voilà en effet qui griffe : « Respecter quelqu’un c’est surtout dire ce que l’on pense. Ségolène Royal a été la candidate mal préparée d’un parti qui n’avait pas fait sa mue idéologique », explique-t-il dans le Point. Et de se repositionner sur un créneau strauss- kahnien, dont le courant se divise après le départ du chef à la présidence du FMI. Ce qu’il retient de positif de Ségolène Royal étant précisément l’axe politique que celle-ci avait emprunté à l’aile droite du PS : « Je soutiens la volonté (de Ségolène Royal) d’opérer une synthèse entre la gauche et le libéralisme ». Manuel Valls met désormais ses pas dans l’ouverture sarkozyste tout en se posant comme successeur putatif à l’Élysée. Normal : n’a-t-il pas été approché par Sarkozy lui-même en vue d’une participation gouvernementale ? Soyons franc : le positionnement actuel a le mérite de la clarté idéologique : « Je ne veux pas commencer le congrès du PS par le compromis, en évitant les questions de fond. » Et de plaider tout à trac pour le « refus du mythe du libre accès à la fac » et « la sélection », pour « l’assouplissement des règles de licenciement », « la dérégulation », pour « une immigration contrô- lée », faisant sienne l’idée sarkozyste « de quotas par professions ». Sans oublier de mettre son poids dans la balance sur la question des retraites : « Je crois inéluctable un allongement de la durée de cotisation », quitte à casser le système par répartition : « J’accepte une part de financement par l’épargne et le secteur privé pour financer nos retraites ou la dépendance. »

Davantage que l’amorce d’une campagne personnelle dont les chances de succès paraissent incertaines, l’ouvrage de Manuel Valls est sans doute à décrypter comme une tentative de faire pression sur les militants. Et sur le clan ségoliniste dont il craint une adaptation plus à gauche sous l’effet du mécontentement social. La « nouvelle donne idéologique » à laquelle Manuel Valls travaille est sans ambages inspirée du mode blairiste ou démocrate américain. Le livre se termine en effet sur un appel à oublier Jaurès : « Malgré le respect que j’ai pour la figure du député de Carmaux, j’assume aujourd’hui ma préférence pour Clemenceau. » On cherchera la modernité. Et l’on constatera en outre que n’est pas le « Tigre » qui veut.

(1) Pour en finir avec le vieux socialisme… Et être enfin de gauche. Manuel Valls, entretiens avec Claude Askolovitch. Éditions Robert Laffont. 19 euros.

Dominique Bègles

 


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Mise à jour :
3 mai 2008