Grèves de Draveil-Vigneux
2 juin - 7 août 1908
Cent jours de grève
Les plus belles phrases de Monsieur CLEMENCEAU
illustrées par Delannoy
L'Assiette au Beurre
n° 401,
5 décembre 1908 Coll. Martine Garcin
Les plus belles phrases de Monsieur Clémenceau
illustrées par DELANNOY
« Honte aux pays où l'on se tait ! »
G. CLEMENCEAU
(En 30 mois de ministère CLEMENCEAU, plus de 70 années de prison pour délits d'opinion.) En ce mois de décembre 1908, tous les progressistes, socialistes, syndicalistes, coopérateurs, Ligue des Droits de l'Homme, font campagne pour sortir de prison les 8 derniers inculpés des grèves de Draveil-Vigneux. Sur les 24 inculpés de ces grèves, dont toute la direction de la Confédération CGT, 16 obtiennent un non-lieu le 31 octobre 1908, dont toute la direction de la CGT, emprisonnée depuis 3 mois, et les 4 dirigeants de la CGT en exil en Belgique. Les 8 derniers inculpés bénéfieront d'une amnistie votée par le parlement le 23 décembre, mais il ne seront libérés que le 9 janvier, après avoir passé 6 mois en prison. Parmi les 8 derniers emprisonnés figure la citoyenne AUCLÈRE accusée d'avoir porté un coup d'ombrelle au cheval d'un dragon le 30 juillet 1908, le jour de la tuerie de Villeneuve-st-Georges. Son mari étant au service militaire, leur jeune enfant erre seul dans les rues de Villeneuve-st-Georges, ce qui ne semble aucunement émouvoir la justice de M. BRIAND. Mme Marie AUCLÈRE (parfois nommée dans la presse Clémence AUCLAIR), jeune femme enceinte d'un deuxième enfant, restera la dernière emprisonnée des grèves de Draveil-Vigneux.
L'Assiette au Beurre
n° 401,
5 décembre 1908
Les plus belles phrases de Monsieur Clémenceau
illustrées par DELANNOY
« Je continuerai, quoi qu'il arrive, à mettre les hommes qui conforment leur conduite à leurs opinions au-dessus de ceux qui ne le font pas »
G. CLEMENCEAU, La Mêlée sociale, 1895
Le 26 septembre 1908, le dessinateur DELANNOY et le citoyen MÉRIC sont jugés en cour d'assises pour un portrait d'AMADE. Dans le n° 12 des « Hommes du jour », ils protestent contre les crimes marocains du général d'AMADE chargé de "pacifier" le maroc . Lors du procès, Francis JOURDAIN raconte que chargé d’organiser un congrès antimilitariste à Amsterdam, il alla chez CLEMENCEAU rue Franklin. CLEMENCEAU donna 10 francs pour ce congrès révolutionnaire. GRANDJOUAN raconte que lui aussi a été poursuivi pour injure à l’armée, et acquité. MÉRIC raconte que ce sont les articles de CLEMENCEAU et de BRIAND qui l’ont rendu antimilitariste, « il n’est qu’un disciple de ces gens-là ». Il est rappelé qu'on n’a jamais poursuivi depuis 100 ans les dessins. Défense de SEMBAT : « … je ne réclame pas pour MÉRIC la même récompense qu’ont obtenue CLEMENCEAU et BRIAND, mais je réclame pour lui la justice ». Flétrit l’expédition coloniale du Maroc. Montre que l’expédition est faite au profit de financiers allemands et français. MÉRIC et DELANNOY sont condamnés à 1 an de prison et 3000 francs d’amende.
L'Assiette au Beurre
n° 401,
5 décembre 1908
Les plus belles phrases de Monsieur Clémenceau
illustrées par DELANNOY
« Pour ma part, si j'étais juge, il ne me viendrait pas à l'esprit de condamner qui que ce soit sur des notes anonymes d'agents dont la valeur morale se tarifie à la caisse de la préfecture »
G. CLEMENCEAU, Aurore, 17 décembre 1899
Sous le ministère CLEMENCEAU, provocateur et mouchard deviennent de véritables métiers. Dans tous les procès de cette époque contre les grévistes, des mouchards apportent leur témoignage.
Le 25 novembre 1911, CLEMENCEAU publie une lettre dans laquelle il reconnaît avoir reçu MÉTIVIER, un protagoniste des grèves de Draveil-Vigneux, il reconnaît que le chef de la Sûreté a remis ce jour-là à METIVIER 300 F, puis d’autres sommes d’argent lorsque celui-ci lui avait fourni des renseignements.
Les mouchards exercent toutes les professions. Un exemple chez les terrassiers, rapporté par l'Humanité du 29 septembre 1909 :
« Flic » fait son service ?
A-t-il un nom ? Qu’importe ! Il passe quelques heures chaque jour à extraire du sable pour le compte d’un tâcheron de Champigny. Qu’on ne croit pas pour cela qu’il est terrassier. Ce serait une grave erreur et une injure à cette honorable corporation. Il est… agent de police à Joinville. C’est du moins la « qualité » qu’il revendiquait un jour de la semaine dernière en présence de travailleurs qui l’invitaient à laisser la pelle et la pioche aux mains d’un ouvrier authentique et à reprendre sa besogne de « flic ».
Alors Flic vit rouge et chacun sait que quand la « dame génisse » immortalisée par Flic Premier est en furie, il n’y a pas de temps à perdre. Et de fait, nos amis n’ont pas perdu le leur. Ils ramassèrent quelques formidables « bouses » que, dans la fureur de sa dignité outragée, Flic laissa échapper.
Amis lecteurs, humez-en quelques-unes : « M’appeler « flic », dit-il, c’est m’injurier ; c’est comme si je vous appelais c… comme la lune ». Attrape CLEMENCEAU ! C’est un des tiens qui te l’envoie. Puis, redressant le torse, il ajouta : « D’ailleurs, vous ne savez pas si je ne suis pas ici en service ». Ça, c’est possible, après tout, et si niaise qu’elle soit : aveu ou usurpation de fonction, cette déclaration est à retenir.
Tout de même, il ne faudra pas qu’on s’étonne, si le flic en service « flicaille » le terrassier en terrassant à sa place, celui-ci prend un jour du service à son tour en « terrassant » le flic-terrassier.
L'Assiette au Beurre
n° 401,
5 décembre 1908
Les plus belles phrases de Monsieur Clémenceau
illustrées par DELANNOY
« L'inconvénient, c'est que les juges n'ont de choix qu'entre deux carrières : l'héroïsme ou la domesticité. Chacun choisit pour son compte, et c'est le bon justiciable qui fait les frais de ce choix. »
G. CLEMENCEAU, Aurore, mai 1899
( En 30 mois de ministère radical, la justice de CLEMENCEAU-BRIAND aura condamné (sur ordre) le petit peuple à un total de 148 années de prison.)
L'Assiette au Beurre
n° 401,
5 décembre 1908
Les plus belles phrases de Monsieur Clémenceau
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« Car lorsqu'on aura bien mis dans la tête de tout ce monde que la justice est une duperie, et que c'est la force seule qui décide, le nombre s'apercevra que la force est en lui, et la tentation d'en user sera grande »
G. CLEMENCEAU, La Mêlée sociale, 1895
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5 décembre 1908
Les plus belles phrases de Monsieur Clémenceau
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« Au fait, qui est-ce qui supporte la machine sociale ? Seraient-ce ces magnifiques seigneurs qu'il faut approuver sans savoir ce qu'ils ont fait, et dont le principal attribut paraît être de se servir eux-mêmes sous prétexte de nous servir ? Ou bien ne serait-ce pas plutôt la foule dont ils vivent, chair à canon, chair à goupillon, chair à sentence ou chair à dividende ? Question que je pose. »
G. CLEMENCEAU, L'Iniquité, 1899
L'Assiette au Beurre
n° 401,
5 décembre 1908
Les plus belles phrases de Monsieur Clémenceau
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« Vous dites qu'il n'y a plus qu'à s'incliner. Moi je prétends qu'il n'y a plus qu'à se révolter. Car c'est la loi de l'homme, supérieure à toutes les autres, de lutter, de dresser ses machines contre tout ce qui gêne son développement, tout ce qui barre la route à l'évolution humaine »
G. CLEMENCEAU, La Mêlée sociale, 1895
L'Assiette au Beurre
n° 401,
5 décembre 1908
Les plus belles phrases de Monsieur Clémenceau
illustrées par DELANNOY
« Il y a un homme tué. Il faut en rester là »
G. CLEMENCEAU, La Mêlée sociale, 1895
« Un soldat qui a mal compris un ordre, un impatient, un affolé, un sous-officier brutal, un officier négligent ou imprudent, et le malheur est irréparable. Je ne fais pas le tableau du massacre. Je l'évoque, cela doit suffire. Après, que fera-t-on ? Des discours, des articles. Et puis ? Le sang sera toujours là, et le sang appelle le sang »
G. CLEMENCEAU, La Mêlée sociale, 1895
Narbonne - Draveil - Villeneuve (En 30
mois de ministère radical, 14 ouvriers tués par la troupe, 367 blessés.)
L'Assiette au Beurre
n° 401,
5 décembre 1908
Les plus belles phrases de Monsieur Clémenceau
illustrées par DELANNOY
« Et puis je me retourne vers ce cube de fer bourré de simples feuilles de papier, que garde jalousement le malheureux, qu'il hypnotise. Le voilà le redoutable accumulateur social, réceptacle de forces inouies auxquelles il faut donner l'essor. »
G. CLEMENCEAU, La Mêlée sociale, 1895