Grèves de Draveil-Vigneux
2 juin - 7 août 1908
Cent jours de grève


Le travail dans les sablières

Les frères PICKETTY démarrent l'exploitation du sous-sol de Vigneux en 1869.

Sous une couche arable de 50 cm, on extrait sables et cailloux jusqu’à 8 à 9 m.

Extension rapide de l’activité en raison de la proximité de Paris.

Plusieurs opérations successives nécessitent chacune une catégorie d’ouvriers. Exemple du chantier des Sablières de la Seine à Vigneux :

• « Découvert » ou enlèvement du sol arable. Wagonnets Decauville traînés par des chevaux. 30 terrassiers employés toute l’année.
  Les terrassiers sont généralement payés 0,50 fr/h ou à la tâche, moins de 6 fr pour 12h/j .

• Dragues à vapeur. Des gobelets vont chercher sable et caillou jusqu’à 7 ou 8 m de profondeur. Crible en cylindre de 1,30m de diamètre, 5 m de longueur. Trois tris : sable, caillou, caillasse (grosses pierres). Une pompe à eau lave la « marchandise ». Sable et caillou tombent chacun dans un bateau situé de part et d’autre de la drague, 2/3 sable, 1/3 caillou. Pour une drague, 10 manœuvres, 600 m3 de sable, 200 m3 de caillou par jour. Dur travail, pieds dans l’eau quelque soit la saison.
  Les manœuvres sont généralement payés 0,50 fr/h.

• Des remorqueurs traînent les bateaux, train de 2000 tonnes. Mariniers payés au mois et logés sur les bateaux.

• À Paris, les chalands de 600 tonnes sont débardés au moyen de grues à vapeur par des ouvriers débardeurs de la société, syndiqués dans un syndicat différent des ouvriers des « fouilles ».

• Avant le retour, les chalands sont remplis de terre des fondations et de déblais, parfois des résidus des égouts de la ville. Chargement fait par des ouvriers des entrepreneurs de Paris.

• À Vigneux, le déchargement des chalands est réalisé aux fouilles par des débardeurs au moyen de l’élévateur, énorme appareil à vapeur, qui vaut 60000F.
  Salaires moyens des débardeurs :
  Débardeurs à la pelle : 0,34 fr/m3, 2 m3/h
  Débardeurs à la grue : payés à la tâche, 0,29 fr/m3, 0,34 fr/m3 si la terre est mouillée. Travaillent jusqu'à 16h/j, nombreux jours sans travail.

• Ateliers de réparation des bateaux, du matériel : charpentiers, mécaniciens, tourneurs, etc. Payés à la journée, ils ne font pas partie du même syndicat que les terrassiers et débardeurs. Ont chômé quelques jours.